Recherche

Démarchage commercial : la lassitude des Français ne faiblit pas

Les Français sont confrontés à un déferlement sans précédent de sollicitations commerciales, entre publicités, newsletters, notifications push, SMS et appels téléphoniques. Un phénomène qui s'amplifie en 2025, comme le révèle une récente étude de Notify, entreprise spécialisée dans la relation client.

Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
Lecture
4 min
  • Imprimer
Démarchage commercial : la lassitude des Français ne faiblit pas
Getting your Trinity Audio player ready...

Malgré les réglementations, les sollicitations marketing atteignent un seuil critique de tolérance chez les consommateurs français. Les chiffres le montrent : près de 46 % des Français estiment que le démarchage téléphonique a augmenté en 2025, en hausse de 10 points par rapport à l'année précédente. Une progression alarmante alors même que la loi visant à encadrer les appels non sollicités est entrée en vigueur en janvier 2023, et renforcée en 2025. Ce dispositif, qui interdisait notamment le démarchage dans certains secteurs comme la rénovation énergétique, semble avoir manqué sa cible.

La pression est telle que 32,4 % des personnes interrogées déclarent recevoir entre 3 et 5 appels quotidiens, tandis que 15,1 % affirment subir plus de 6 tentatives de démarchage par jour. Face à cette situation, près d'un tiers des Français (30,8 %) a adopté une stratégie radicale : ne plus répondre aux numéros inconnus. Une défiance croissante qui est un signal d'alarme pour les entreprises qui persistent dans des pratiques de démarchage massif.

La fatigue numérique s'installe durablement

Le phénomène dépasse largement le cadre du téléphone. D'après l'Autorité de Régulation de la Communication Électronique et des Postes (ARCEP), les Français reçoivent en moyenne 27 emails promotionnels par semaine (Rapport ARCEP sur les communications électroniques, mars 2025). Une pression constante qui explique pourquoi 58,2 % des répondants se disent "beaucoup trop sollicités" par les marques.

Cette saturation entraîne une réaction en chaîne : 57,6 % des consommateurs se désabonnent régulièrement des newsletters et autres communications promotionnelles. C'est un cercle vicieux : plus les marques perdent en efficacité, plus elles tentent de compenser par le volume, ce qui accroît encore la lassitude des consommateurs.

Le coût caché de la sur-sollicitation

Au-delà de l'agacement, cette pression marketing génère un coût temporel non négligeable. Si près de 60 % des Français consacrent moins de 5 minutes par jour à consulter les messages promotionnels, plus d'un quart d'entre eux (27,6 %) y passent plus de 10 minutes quotidiennement.

Le temps de nettoyage est encore plus significatif : 35,5 % des personnes sondées passent plus de 10 minutes chaque jour à supprimer ces communications non désirées. À l'échelle nationale, cela représente des millions d'heures perdues annuellement.

D'après l'Institut National de la Consommation, cette surcharge informationnelle a également un impact écologique non négligeable : les serveurs hébergeant ces emails promotionnels non lus génèrent l'équivalent des émissions annuelles de CO2 d'une ville de 50 000 habitants (INC, "L'empreinte carbone des communications digitales", avril 2025).

L'email reste roi, le téléphone perd toute légitimité

Si tous les canaux de communication sont concernés, tous ne subissent pas le même rejet. L'email conserve une légitimité impressionnante avec 86,4 % d'opinions favorables, loin devant le SMS (11,2 %) et les notifications push (3,6 %). Le téléphone, autrefois pilier du marketing direct, se retrouve relégué à la dernière place avec seulement 0,9 % de préférence.

"L'email survit car il offre une forme de contrôle au consommateur", analyse Ous Ouzzani, Directeur Général de Notify, qui ajoute que "le message ne suffit plus : il doit être pertinent, bien ciblé et envoyé au bon moment".

2026 : vers un tournant ?

Un changement majeur se profile à l'horizon 2026 : l'instauration du consentement explicite obligatoire pour tout démarchage téléphonique. Une mesure qui marque la fin d'une ère pour les pratiques commerciales. D'après la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL), cette évolution pourrait réduire de 70 % le volume d'appels commerciaux non sollicités (CNIL, "Perspectives sur la protection des données personnelles", janvier 2025).

Alors que les consommateurs atteignent un niveau de saturation critique, l'avenir du marketing direct semble se dessiner autour d'un principe simple mais révolutionnaire : moins, mais mieux.

Livres Blancs

Voir tous les livres blancs

Vos prochains événements

Voir tous les événements

Voir tous les événements

S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page