Comment la SNCF accélère sa transformation numérique
Nouvelle application mobile, mise en place d'un fonds d'investissement, ouverture des données de l'entreprise, couverture des trajets en haut débit mobile... la SNCF a présenté les grands axes de travail guidant l'accélération de sa transformation digitale.
"Faire de la SNCF un véritable transporteur digital". L'objectif pour les 18 prochains mois de Guillaume Pepy, président du directoire SNCF est clair : accélérer la digitalisation de la SNCF pour les voyageurs, mais aussi pour les salariés du groupe. "Le digital est devenu core business pour la SNCF. C'est le levier de la transformation de l'entreprise. Cela permet de créer davantage de valeur pour le client, mais aussi d'agir sur la qualité et l'efficacité de la production de transports pour le client."
En 15 ans, le groupe a en effet multiplié les initiatives en faveur du digital, lançant tour à tour Voyages-sncf.com, iDTGV, le premier pure player de la SNCF, déployant des applications mobiles... "ces cinq dernières années nous avons vécu une nouvelle révolution, celle du mobile". Sur cette période, les mobinautes passent de 10 millions à plus de 30 millions en 2015. C'est alors le début d'une nouvelle phase pour la SNCF, "celle de l'ouverture et du 'digital mobile'. L'ouverture, avec dès 2011 la volonté d'être parmi les pionniers de l'open data". Quant au mobile, désormais, la société vend un billet mobile toutes les trois secondes, et les applications ont déjà été téléchargées par 10 millions de personnes. Plus récemment, l'application SNCF a vu le jour. Elle unifie les applications d'informations "SNCF direct", "TER mobile", et "Transilien". L'objectif : proposer toutes les informations liées aux trafics des trains au sein de la même appli. Et permettre de se déplacer non plus de gare à gare, mais d'adresse à adresse, en ajoutant des options de personnalisation.
Le haut débit : une priorité
Aujourd'hui, plus de deux voyageurs sur trois possèdent un smartphone. Bien souvent, à bord des trains, ils se retrouvent confrontés à un débit de données peu satisfaisant. Un problème qui devrait prochainement être résolu. "Nous voulons qu'il y ait une couverture 3G et 4G dans tous les trains et toutes les gares", assure Yves Tyrode, directeur du digital au sein de la SNCF.
Pour cela, Yves Tyrode mise sur la politique de la main tendue aux quatre opérateurs français (SFR, Orange, Bouygues Telecom et Free) et de l'autorité de régulation concernée, l'Arcep. "Nous nous engageons à leurs côtés sur trois actions : mesurer avec des rames test la couverture 3G et 4G de l'ensemble de notre réseau. Partager ces résultats avec les opérateurs mobile et l'Arcep dès avril prochain, afin d'identifier les endroits où les réseaux sont plus faibles. Faciliter l'accès à nos infrastructures aux opérateurs mobiles pour le déploiement de leurs antennes. Et enfin, en complément de cette couverture, nous allons densifier l'accès à l'Internet avec du Wi-Fi dans certaines gares où le besoin de trafic est important, mais aussi au sein des TGV avec une technologie alliant le Wi-Fi et la 4G". Le tout pour un déploiement prévu à la fin 2016.
Open data et fonds d'investissement
L'ouverture publique des données de la SNCF est stratégique pour l'entreprise, qui souhaite accélérer ce processus. "Les horaires théoriques, les horaires temps réel et les correspondances, pour les trains du quotidien et prochainement les TGV... Nous allons permettre aux développeurs de se connecter à nos bases de données, sur la base d'un modèle économique vertueux", explique Yves Tyrode. Concrètement, pour les start-up qui utilisent peu de données, la gratuité voire une très faible tarification sont envisagées. En revanche, les grands utilisateurs de données, notamment les multinationales du net, devraient payer davantage, sans pour autant apporter plus de précisions sur ce sujet. Un projet qui devrait être opérationnel d'ici fin mai.
Par ailleurs, SNCF entend bien soutenir les développeurs d'applications. Selon Yves Tyrode, plus de 1 000 start-up travaillent ou souhaitent travailler avec le groupe. "Il manque une plateforme de développement pour cela, c'est la raison pour laquelle nous avons conçu Store.sncf, une boite à outils avec un support pour le design des applis, un support pour une bonne utilisation de nos API, et un support pour recueillir les notes des utilisateurs". D'abord destinée aux développeurs internes (mise en place prévue pour la fin du 1er semestre 2015), Store.sncf devrait dans un deuxième temps être ouvert à l'ensemble des développeurs externes.
La SNCF considère également que le succès de sa transformation digitale passe à travers des relations constructives avec les start-up. Ainsi, le groupe lance un fonds d'investissement dont la vocation est de prendre des parts dans les start-up qui lui semblent prometteuses. Doté d'un budget de 30 millions d'euros financé sur fonds propres, "Digital SNCF Ventures", sera opérationnel dans les semaines qui viennent.
Clients et salariés concernés
Pour le premier trimestre 2015, quatre grands projets voués à rapidement digitaliser l'entreprise, ont été identifiés. Les deux premiers concernent les clients-voyageurs, et les deux autres concernent directement les salariés du groupe. Tout d'abord, "Quotidien.sncf" a vocation à simplifier le trajet des voyageurs en leur offrant tout sur mobile depuis les informations, en passant par les achats, jusqu'aux recharges de pass. Ensuite, le projet "Flux SNCF" visera à collecter, structurer et analyser les données générées par les clients SNCF dans le cadre de leurs déplacements. "Maintenance matériel" est le troisième grand projet. Il a pour but de simplifier et d'améliorer la documentation touchant à la maintenance, en numérisant les dizaines de kilos de documents existants pour en permettre l'accès depuis une simple tablette. Cela concerne 10 000 opérateurs de maintenance. Enfin, quatrième et dernier projet, "Maintenance Réseau", vise à équiper les agents d'outils mobiles (80 000 en France).
L'ensemble de ce programme sera doté d'indicateurs afin de piloter au plus près les différentes actions à mener : taux de satisfaction des salariés et des voyageurs de ces services, nombre de startups partenaires, taux d'équipement en salariés, taille de la communauté digitale, taux de couverture en haut débit, etc.
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