La sécurité des produits: toujours un défi pour les marketplaces
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes découvre 32% de produits non-conformes et dangereux vendus en ligne, à l'occasion de son enquête portant sur dix marketplaces.
Une part importante des produits vendus sur les marketplaces en France ne respecte pas la réglementation et présente des risques pour la sécurité des utilisateurs, selon l'enquête annuelle menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Depuis 2018, l'organisme effectue des actions de contrôle sur des "achats mystère", portant cette année sur 129 articles non-alimentaires. L'enquête 2020, tout juste révélée, porte en priorité sur les cosmétiques à visée éclaircissante, les jouets, les accessoires de puériculture, les accessoires électriques (adaptateurs de voyage), les détecteurs de fumée et les bijoux fantaisie vendus sur Aliexpress, Amazon, Cdiscount, eBay, Fnac.com, Joom, Rakuten, Rueducommerce, Vova et Wish. 32% des produits testés se sont révélés non conformes et dangereux et 28% non conformes quoique sans danger.
Plus critique encore, depuis trois ans, 63% des articles analysés sont apparus non conformes, et 28% dangereux, un score plus élevé que celui des autres circuits de distribution. Alain Griset, ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises, déclare en réaction à ces résultats: "Les résultats de l'étude de la DGCCRF renforcent l'impératif d'assurer une équité de traitement entre les différentes formes de commerce existantes. Il est donc complètement anormal que l'on puisse encore trouver des produits sur des places de marchés en ligne non conformes à ce que nous exigeons dans le commerce physique. Ces situations sont inacceptables et doivent être traitées avec force. Ce sera l'un des enjeux de la présidence française de l'Union européenne."
Lire aussi : [Tribune] Optimisez son potentiel e-commerce B2B
Traçabilité et composition des produits posent problème
Les tests ont été effectués par le Service commun des laboratoires (SCL). Sont apparus des substances interdites dans les crèmes cosmétiques, des petits éléments détachables et susceptibles d'être avalés par les jeunes enfants pour les jouets et les articles de puériculture ainsi que la présence d'hydrocarbures aromatiques polycycliques, une sensibilité au feu ou une inefficacité pour les détecteurs de fumée et la présence de cadmium, nickel et plomb dans les bijoux. En termes de traçabilité, 20% des produits sont identifiés comme venant d'Asie, tandis qu'il s'est révélé impossible de déterminer la provenance de 40% des articles.
Pourtant, six des dix marketplaces étudiées (dont AliExpress, Rakuten, Amazon et eBay) se sont volontairement engagées auprès de la Commission européenne à respecter 12 principes pour améliorer la sécurité des objets vendus par leur biais et faciliter les rappels produits. Figure parmi leurs engagements la formation des vendeurs tiers afin que ces derniers puissent se mettre en conformité avec la réglementation européenne en matière de sécurité des produits. La réactivité des marketplaces sollicitées par la DGCCRF est jugée "globalement satisfaisante" par l'organisme, à l'exception d'un acteur qui n'a pas répondu aux sollicitations et d'un second qui a nécessité une relance pour deux annonces. Pour vérifier l'innocuité de leurs produits, les vendeurs peuvent se référer à la liste des rappels des articles dangereux publiée par la DGCCRF et à la base de données européennes Safety Gate.
Suite à ces résultats, la DGCCRF indique que "si cela était nécessaire, des mesures fortes seront prises à l'encontre des opérateurs qui ne font pas diligence pour protéger les consommateurs dans ce domaine". Les consommateurs sont associés à la surveillance des articles vendus en ligne via la plateforme SignalConso. Cédric O, secrétaire d'État chargé de la Transition numérique et des communications électroniques, conclut: "Les places de marchés sont une opportunité pour de nombreuses petites entreprises de vendre leurs produits en ligne. Malheureusement, certaines places de marchés sont envahies de produits qui ne sont pas au standard européen et les contrôles que fait la DGCCRF sont donc indispensables pour protéger les consommateurs. Face à des plateformes parfois peu coopératives, nous n'hésiterons pas à utiliser toute la palette des sanctions disponibles, notamment celles récemment créées par la loi DDADUE."
Sur le même thème
Voir tous les articles Data room