Teletech International s'offre D interactive Contact Center
Menée "à la barre du tribunal" en février dernier, l'opération dote le prestataire de deux sites de production à Boulogne-Billancourt. La reprise concerne également 107 personnes et huit clients sous contrat. Le tout pour 1,3 M€. L'outsourcer aux implantations provinciales acquiert ainsi une "vitrine" parisienne pour des prestations de "niveau 3".
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C'est bien connu, dans la vie comme dans les affaires, il faut savoir faire
preuve d'opportunisme. C'est en quelque sorte le maître mot qui a conduit
Teletech International au rachat pour 1,3 M€ de D interactive Contact Center
(DICC) "à la barre du tribunal", le 13 février dernier. Le groupe D interactive
SA et ses principales filiales françaises avaient été placés en redressement
judiciaire le 29 octobre 2002 (voir CA n° 41, p. 16) après avoir été déclarés
en cessation de paiement le 30 juin de la même année. Et sur un marché en
pleine consolidation, le dossier DICC n'a pas laissé de marbre. Dès le départ,
une dizaine de sociétés ont fait connaître leur intérêt pour le dossier. Dans
la dernière ligne droite, cinq prétendants étaient encore sur les rangs
(Armatis, B2S, Intra Call Center, Teletech et Claude Briqué, l'ancien
dirigeant, associé au fonds d'investissements Galiléo).
Un fonds de commerce au chiffre d'affaires estimé à 8 millions d'euros en 2003
Au final, seules les offres de B2S et Teletech, se sont retrouvées en
concurrence. Au profit de la seconde jugée "la mieux disante". Elle a
d'ailleurs été portée à l'approbation des dirigeants et du comité d'entreprise.
« L'avis du personnel a compté dans le choix de Teletech avec l'assurance de
pérenniser l'activité sur place », confie un ancien salarié de DICC. Avec cette
acquisition, Teletech récupère deux sites de production à Boulogne-Billancourt
où, au plus fort de l'activité, 305 positions de travail occupaient la place.
Le nouveau locataire prévoit d'en exploiter plus de 150 après réaménagement des
locaux. Le fonds de commerce se révèle tout aussi intéressant. Si ce n'est
plus... La reprise de DICC (CA 2002 de 17 M€) comprend aussi les huit clients
restants (Groupama Santé, Sofinco, EDF, ADP-GSI, houra.fr, NRJ,
Mediaperformance et Cetelem). Selon nos informations, Teletech peut compter
réaliser 8 M€ de chiffre d'affaires prévisionnel en 2003 avec ses nouvelles
réfèrences. Tout dépend de leur fidélité. « Tous les clients travailleront avec
nous en 2003 », assure Emmanuel Mignot, P-dg et fondateur de Teletech
International. Un optimisme loin d'être partagé par tout le monde. « Certains
peuvent très bien faire jouer une clause de leur contrat pour partir dans le
courant de l'année », avise un initié. Déjà, les rumeurs font état d'un appel
d'offres lancé par l'une de ces références. De son côté, Teletech, sans
complexe, tient à jouer la carte du savoir-faire. « Nous leur apporterons
d'autres solutions, des plans d'amélioration. Nous avons à faire nos preuves
avec eux », estime Emmanuel Mignot. Des preuves de bonne volonté aussi à
l'égard de ses nouveaux salariés. Le prestataire reprend 107 personnes (dont
une vingtaine provenant du siège) sur plus de 300 avant le redressement
judiciaire de DICC. Entre temps, les CDD sont arrivés à échéance, les
démissions (notamment dans les rangs de l'encadrement) ont fleuri et les
licenciements économiques ont fait rage. « C'est une structure dont les équipes
travaillent bien. Nous allons préserver l'existant. Les gens, les méthodes, les
outils sont différents. Mais ils ne sont ni mieux, ni moins bien », considère
le P-dg de Teletech.
« Une véritable opportunité »
Pour l'heure, le travail d'inventaire des outils techniques a commencé afin de
pouvoir « faire tourner tout ça ensemble » et des équipes de projets mixtes
(Teletech et DICC) ont été créées. « La reprise de l'activité de D interactive
Contact Center est une véritable opportunité. Elle nous permet d'être à Paris
et de disposer d'une vitrine. C'est aussi une question de crédibilité et de
taille critique vis-à-vis des annonceurs », résume Emmanuel Mignot.
L'acquisition devrait permettre à la société de doubler son chiffre d'affaires
en 2003 à 20 millions d'euros. En 2001, Teletech a annoncé un chiffre
d'affaires de 10,15 M€ pour un résultat net de 753 K€. Pour 2002, la société
aurait crû de 25 % en volume d'affaires. Sa rentabilité, dans un contexte
économique difficile, aurait été préservée à hauteur de 2-3 % nets. Contre 7 %
en 2001. « Nous doublons notre chiffre d'affaires tous les deux ans. Il y a
toujours une année où l'on grossit et une année où l'on digère », explique
Emmanuel Mignot qui voudrait bien accélérer le processus. Pour autant, cette
acquisition peut surprendre. La société s'est toujours tenue à l'écart des
grandes métropoles. Elle privilégiait, jusqu'ici, la création de plates-formes
téléphoniques en milieu rural et dans les villes moyennes (Rennes, Laval,
Toucy, Toulaud, Saint-Affrique - 640 positions de travail en tout). Afin de se
positionner sur les prestations à caractère international, Teletech s'est
alliée en mai 2002 à des confrères italiens (Acroservizi, 1 300 positions) et
espagnols (Medios y Servicios Telematicos, 150 positions). Tous trois sont
parties prenantes dans le réseau Nest Call Center. Un dispositif auquel il faut
ajouter un centre d'appels à Rabat (Maroc) avec 110 postes en production. «
Cette acquisition s'inscrit également dans l'objectif de doter Nest Call Center
d'une implantation Nord Européenne. Nous y opérerons des prestations de niveau
3. C'est ce qu'il nous manquait : pouvoir adresser un segment haut demandant
beaucoup de technicité », détaille Emmanuel Mignot. Avec pourquoi pas d'autres
croissances externes à venir. Essentiellement hors des frontières. Bien qu'il
reste en France « quelques sociétés intéressantes ».