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L'adoption de l'IA en France : enthousiasme et vigilance

Publié par Elena Mlynarczyk le | Mis à jour le

L'enquête 2025 d'ABBYY montre que les entreprises françaises adoptent l'IA avec enthousiasme : l'IA générative est largement utilisée, tandis que l'IA spécialisée progresse plus lentement, alliant intérêt et prudence.

ABBYY, multinationale spécialisée dans l'intelligence artificielle, a dévoilé l'édition 2025 de son enquête "State of Intelligent Automation : Generative AI Disillusionment and AI Wishlist". Celle-ci révèle que les entreprises françaises adoptent l'intelligence artificielle avec enthousiasme. Mais si l'IA générative est déjà indispensable, l'IA spécialisée progresse à un rythme plus modéré. Cette dynamique illustre à la fois l'attrait croissant des promesses de l'IA pour les chefs d'entreprise et la prudence nécessaire pour en maîtriser pleinement les utilisations.


Un engouement massif pour l'IA générative

L'IA générative séduit particulièrement les entreprises françaises, dont plus des trois quarts (76 %) l'ont déjà intégrée dans leurs processus. Cet enthousiasme repose sur des motivations très concrètes telles que l'automatisation des processus documentaires comme la comptabilité fournisseurs ou la logistique (57 %), l'amélioration de la productivité (54 %) et l'analyse des données (52 %).


La moitié des décideurs français affirment que l'IA générative leur fait gagner du temps, rationalise leurs opérations et offre une meilleure expérience à leurs clients. Ce taux d'adoption place la France au même niveau que les États-Unis et l'Allemagne, où l'IA générative est déjà utilisée par plus de 80 % des entreprises.


Il convient toutefois de noter que de nombreuses entreprises estiment qu'il est nécessaire de combiner l'IA générative avec d'autres technologies afin d'améliorer les résultats. 29 % d'entre elles ajoutent des solutions de Process Intelligence (PI) et 26 % des solutions de traitement intelligent des documents (IDP). Enfin, 28 % utilisent l'IA RAG (Retrieval Augmented Generation), qui leur permet de produire des résultats contextualisés à partir de leurs propres sources de données.


Une certaine prudence envers l'IA spécialisée

Cette adoption généralisée de l'IA générative doit toutefois être tempérée par la progression plus lente de l'IA spécialisée. Si 48 % des entreprises françaises déclarent utiliser des solutions agentiques (capables de prendre des décisions de manière autonome) et 47 % utilisent une IA spécialisée (conçue pour des usages spécifiques), ces chiffres restent inférieurs à ceux observés pour l'IA générative, mais aussi à ceux observés dans d'autres pays (respectivement 56 % et 58 % au Royaume-Uni, 50 % et 64 % en Allemagne, 55 % et 65 % aux États-Unis, 67 % et 71 % à Singapour).


Cet écart reflète des niveaux de confiance variables. Alors que l'IA générative semble polyvalente et accessible, l'IA spécialisée nécessite des investissements plus importants, une gouvernance plus forte et une adaptation organisationnelle plus difficile. L'enthousiasme est grand, mais les entreprises restent prudentes car elles savent que ces technologies plus coûteuses et plus complexes représentent un engagement à plus long terme.

Un investissement soutenu


En France, l'IA est devenue un véritable moteur de transformation pour de nombreuses entreprises. L'enquête montre que plus d'un tiers (34 %) des entreprises françaises ont investi entre 200 000 et 500 000 euros dans leurs projets d'intelligence artificielle au cours des 12 derniers mois. Ce chiffre montre que les dirigeants ont dépassé la phase de test et intègrent désormais l'IA dans leurs processus métier. Et cette dynamique ne fait que commencer, puisque 98 % des entreprises prévoient d'augmenter leurs investissements au cours de l'année à venir. Il est toutefois intéressant de noter que ces perspectives de croissance restent modestes. 65 % des entreprises anticipent une augmentation ne dépassant pas 20 % par rapport à l'année précédente. En d'autres termes, malgré les fortes ambitions politiques des pouvoirs publics pour faire de la France un leader en matière d'IA, la réalité sur le terrain est plus prudente.