Quand les notifications s'invitent sur la plage
Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
Les vacances d'été, synonymes de déconnexion et de repos, sont désormais rattrapées par la réalité numérique. Selon une étude récente menée par Notify, acteur de la relation client, plus d'un Français sur deux constate une intensification des notifications promotionnelles pendant la période estivale. Un phénomène révélateur d'une société où la frontière entre temps personnel et sollicitations commerciales s'estompe progressivement.
Recevoir encore plus de notifications durant les vacances ? Selon Notify, c'est une réalité. 54,3 % des Français déclarent en effet recevoir davantage de notifications promotionnelles durant l'été, dont 20 % "beaucoup plus" et 34,3 % "un peu plus" qu'en période normale. Cette hausse contraste avec la volonté de déconnexion traditionnellement associée aux congés. À l'inverse, seuls 1,5 % des répondants affirment en recevoir moins, révélant une stratégie marketing des marques qui s'intensifie précisément quand les consommateurs aspirent au repos.
L'email demeure le canal privilégié par les entreprises, représentant 62,9 % des notifications reçues. Les SMS (6,2 %), les réseaux sociaux (5,8 %) et les applications (4,4 %) complètent le tableau d'une communication omnicanale qui ne connaît pas de trêve estivale.
Des comportements vacanciers contrastés
Face à cette avalanche de messages, les Français adoptent des stratégies variées. Si 27,8 % choisissent d'ignorer totalement les notifications commerciales, marquant une volonté claire de rupture numérique, 24,4 % maintiennent leurs habitudes de consultation. Entre ces deux extrêmes, 20,7 % réduisent leur consultation sans la supprimer, tandis que 6,2 % profitent paradoxalement de leur emploi du temps plus souple pour consulter davantage.
Cette diversité comportementale révèle un rapport ambivalent des consommateurs à la publicité numérique en période de repos. La temporalité des notifications évolue légèrement, avec 20,8 % des répondants remarquant un décalage vers des créneaux plus tardifs le matin ou concentrés sur l'après-midi et la soirée, témoignant d'une adaptation modérée des marques aux nouveaux rythmes estivaux.
La géolocalisation, nouvelle frontière du marketing vacancier
Innovation notable, le ciblage géographique commence à s'inviter dans les stratégies marketing estivales. 30,1 % des Français déclarent avoir déjà reçu des publicités ou notifications liées à leur lieu de séjour, proposant activités locales, restaurants ou événements. Bien que seuls 8,7 % affirment que cela leur arrive souvent, ce chiffre révèle l'émergence d'un marketing géolocalisé qui suit littéralement les vacanciers à la trace.
Cette personnalisation géographique divise les consommateurs : 27,3 % acceptent une offre si elle est utile et pertinente, tandis que 12,6 % sont sensibles à la justesse du ciblage. Néanmoins, 26,2 % expriment un refus total, révélant une fracture dans les attentes entre tolérance d'une publicité contextualisée et aspiration à une coupure totale.
L'impact sur le bien-être : une équation difficile à résoudre
Les conséquences sur le bien-être sont mesurables : 24 % des Français estiment que les notifications nuisent clairement à leur repos, tandis que 15 % reconnaissent un impact modéré. Les alertes promotionnelles et soldes arrivent en tête des éléments les plus irritants (24,8 %), suivies par les messages professionnels (14,4 %).
Face à cette sur-sollicitation, 43 % des utilisateurs sont passés à l'action en désinstallant ou mettant en sourdine des applications jugées trop intrusives. Pourtant, seuls 15,6 % coupent totalement leurs notifications pendant les vacances, illustrant la difficulté à établir une véritable frontière numérique.
L'auto-évaluation de la "pollution digitale" révèle une prise de conscience progressive : 28,1 % attribuent une note élevée (6-8/10) à leur surcharge numérique, et 14,2 % vont jusqu'à donner une note maximale, signe d'un sentiment d'envahissement important.